À l’heure où la question de la réindustrialisation de nos territoires se retrouve au coeur de nos politiques publiques, les entreprises coopératives de notre région montrent qu’elles constituent une solution à la hauteur des enjeux. Focus sur 6 entreprises industrielles d’Auvergne-Rhône-Alpes qui, depuis leur création ou leur transformation en Scop et en Scic, ont développé des emplois, leur savoir-faire sur le territoire, amélioré le chiffre d’affaires de leur entreprise et opté pour des croissances externes.
•Auraprint-x – Yssingeaux (43)
La Scop compte 57 salarié·e·s parmi lesquels 24 sont associé·e·s. Le chiffre d’affaires produit par le groupe Auraprint-x en 2021 est de 7 0000k €.
•Dessica – Trévoux (01)
Dessica commercialise des machines de traitement de l’air, la Scop compte 26 salarié·e·s parmi lesquels 17 sont associé·e·s. La filiale en Scop BTI compte 23 salarié·e·s parmi lesquels 7 sont associé·e·s. Le chiffre d’affaires du groupe est de 6 203k € en 2021.
•Coretec – Décines-Charpieu (69)
Coretec propose des prestations d’expertise, d’étude, d’audit, d’ingénierie d’ensembles énergétiques et d’utilités pour les industriels ainsi que des solutions clefs en mains d’installation. La Scop compte 45 salarié·e·s parmi lesquels 30 sont associé·e·s. La Scop a généré un chiffre d’affaires de 12 804K € en 2021.
•VTD – Veyret Technique Découpe – Romans-sur-Isère (26)
VTD est un fabricant d’outillage de découpe qui assure le découpage et la préparation de matériaux souples. La Scop compte 219 salarié·e·s parmi lesquels 93 sont associé·e·s. En 2021 la société compte 18 762k€ de chiffre d’affaires.
•SET - Smart Equipment Technology – Saint-Jeoire (74)
Spécialiste mondiale des machines de haute précision pour l’industrie de l’infrarouge. La Scop compte 66 salarié·e·s dont 52 sont associé·e·s. SET engendre un chiffre d’affaires de 19 520k € en 2021
•L’Usine à Vélo – Vaulx-en-Velin (69)
Créée en juin 2022, la Scic l’Usine à Vélo mutualise une usine d’assemblage pour les fabricants de vélos qui ont besoin d’augmenter leur capacité de production. À terme, la Scic estime générer un chiffre d’affaires de 1 million d’euros avec 30 emplois à la clé.
Ces six entreprises misent sur l’économie de proximité pour préserver le tissu industriel en Auvergne-Rhône-Alpes et sécuriser la transmission du savoir-faire, tout en conservant leur indépendance. Toutes font le même pari, celui de poursuivre leur développement et leur innovation.
Soutenir une économie de proximité pour préserver le tissu industriel
Le point commun de Smart Equipment Technology (SET), Dessica, Veyret Techniques Découpe (VTD), Auraprint-x, Coretec ou l’Usine à Vélo ? Ces entreprises ont toutes été créées, reprises ou transmises à leurs salarié·e·s sous forme de Scop ou Scic.
La reprise d’entreprise constitue un enjeu majeur pour l’activité économique de la région. D’abord parce qu’elle assure la préservation du savoir-faire et des compétences. Ensuite, parce qu’elle garantit le maintien des emplois salarié·e·s.
« Pour nous, le savoir-faire français est très important, nous fabriquons essentiellement dans l’Ain et nous favorisons les fabricants français. C’est un système qui nous convient et qui marche depuis toujours, cela nous demande plus d’efforts mais en conclusion, c’est plus fiable et, surtout, c’est possible. Ce choix nous permet aussi de réduire l’impact carbone en allant chercher le moins loin possible », explique Aurélie Faure, chargée marketing et communication chez Dessica en Scop depuis 2012.
Pour Vincent Chevais, dirigeant de Coretec, en Scop depuis 2013, le maintien du savoir-faire est fondamental, « il faut mettre le savoir au coeur du métier et du pouvoir. Et pour le préserver, il doit être au coeur de nos prises de décisions. C’est justement ce qui se passe dans le monde coopératif : les personnes qui ont le pouvoir sont les personnes qui font… ».
Créée en juin 2022, la Scic l’Usine à Vélo fait le pari de la relocation de la filière et mutualise une usine d’assemblage de composants nécessaires à la fabrication de vélos. « Des projets sont en cours comme la mutualisation des achats, c’est un moyen de réduire les coûts, de professionnaliser le service et d’améliorer la performance environnementale. Nous avons la volonté d’avoir un impact social et écologique fort en accompagnant les marques à passer d’une dépendance des composants venus d’Asie vers un sourcing local. C’est notre manière de participer à la relocalisation, à notre échelle », explique Henri Roussel. Des visions complémentaires qui permettent de densifier l’activité économique du territoire et de créer des emplois.
La Scop, un modèle pérenne : croissance et développement
Le choix de la coopérative c’est assurer la continuité, permettre à chacun des acteurs de se retrouver dans le projet, et à l’entreprise de conserver son indépendance, un point très important dans une activité ou a primé la
désindustrialisation pendant de nombreuses années. Dessica à Trévoux, dans l’Ain, le démontre très
bien. Quand un fournisseur spécialisé en tôlerie avec lequel la Scop travaille depuis longtemps, met la clé sous la porte, Dessica se retrouve en difficulté. La nécessité de fiabiliser les relations avec les fournisseurs est vite soulevée. Cela a donné lieu au projet de croissance externe et donc au rachat de BTI en 2018. Un rachat qui a permis de sauvegarder une vingtaine d’emplois.
« S’il n’y avait pas eu le rachat de BTI, l’entreprise aurait pu être rachetée par une société qui n’était pas une Scop ou ça aurait aussi pu être la fin de l’histoire de BTI. Cela a donc favorisé la sauvegarde d’emplois », raconte Aurélie Faure, chargée de marketing et communication chez Dessica.
À Yssingeaux, la société ICS a été reprise et sauvée par ses 17 salarié·e·s en 2016. En 2020 ICS signe sa première opération avec le rachat de l’imprimerie Les Arts Grapgiques, « avec un parc machine différent du nôtre, et une implantation dans le département de la Loire, cette opération nous permettait d’atteindre un nouveau type de clientèle ». En 2021 ICS reprend son concurrent, l’Imprimerie Pougnard, lui permettant de devenir un acteur majeur sur Roanne, avant de saisir l’occasion de s’implanter dans le Rhône avec le rachat d’IT’S. Aujourd’hui le groupe reprend le nom d’ Auraprint-x, regroupé sur deux sites de production à Yssingeaux et Montagny, cumulant 4000 m² de production et 57 salarié·e·s sur les 2 Loire.
Chez Smart Equipment Technology (SET), les équipes se sont permis de rêver depuis leur reprise, après avoir doublé leurs effectifs, leur chiffre d’affaires et consolidé leurs fonds propres, ils ont commencé à élargir leur horizon et envisager des projets plus grands comme l’ouverture d’une filiale en Chine. Signe fort du positionnement des entreprises coopératives : cette filiale n’aura pas pour vocation de fabriquer des machines, mais de vendre les machines de la coopérative sur le territoire chinois. « La Chine devient incontournable pour SET, nous voulons assurer notre volume de ventes de machines. Cette filiale nous permet d’avoir un lien de subordination et donc d’assurer des ventes et notre développement. »précise Pascal Metzger, dirigeant de SET depuis 2012.
De son côté, Veyret Techniques Découpe (VTD) a commencé à grandir considérablement 7 ans après avoir été reprise par ses salarié·e·s, en se dotant d’équipements et en réalisant des opérations de croissance externe. VTD a racheté différentes structures qui lui ont apporté un portefeuille client et de la compétence. « En achetant ces structures nous avons pu rentrer en sous-traitance locale et développer le chiffre d’affaires de plusieurs millions d’euros », indique Fabien Panet, dirigeant de VTD, en Scop depuis 1993.
Des performances tangibles
Dans une Scop, comme dans chaque entreprise, il y a des objectifs de performance. Une coopérative a les mêmes exigences de gestion et de rentabilité que toute entreprise. Et la réussite est là !
Pour Dessica, la progression a été constante depuis la reprise en 2012. En 2021 l’agrandissement de son atelier, qui a doublé en surface (1200 m²), a permis de recruter un nouveau·elle salarié·e et d’assurer le maintien des emplois sur notre territoire.
En 2012, Coretec comptait 20 salarié·e·s, aujourd’hui ils sont 45 avec un chiffre d’affaires qui a doublé en 10 ans. « On peut penser que les discussions en collectif prennent du temps, mais en réalité elles nous permettent de définir les fondamentaux. On anticipe mieux dans les moments qui demandent une forte adaptation car on sait sur quelle base prendre une décision. L’autre aspect c’est la gestion des comptes, notamment des réserves plus importantes, qui permettent de passer les crises plus sereinement », appuie Vincent Chevais, dirigeant de Coretec.
Dès les 5 premières années de la reprise, VTD a renforcé la structure. Depuis 2018 l’entreprise a construit 7000 m² de bâtiments supplémentaires, répartis dans l’Allier et dans la Drôme et embauché 80 nouveaux collaborateurs. En 2021 VTD réalise un chiffre d’affaires de 18 762k€.
De leur côté, chez SET - Smart Equipment Technology, ils étaient 37 salarié·e·s en 2012, ils sont 66 cette année.
En 2021 Le chiffre d’affaires a doublé et atteint 19 520k€, une croissance qui a permis de consolider les fonds propres de l’entreprise.
À terme, l’Usine à Vélo va assembler 1500 vélos par an avec 1 million d’euros de chiffres d’affaires et 30 emplois à la clé.
Une solution au moment où la transition était importante
Symboles de l’indépendance et de l’innovation industrielle française, ces entreprises ont toutes été accompagnées par l’Union régionale des Scop et Scic. Certaines sociétés comme SET, Coretec et Dessica ont également pu compter sur l’appui financier Transméa, société de capital investissement unique en France.
Cet outil finance et accompagne la reprise d’entreprise par les salarié·e·s en Auvergne-Rhône-Alpes. Depuis sa création en 2007, Transméa a accompagné et financé 70 entreprises, représentant 1 125 salarié·e·s pour plus de 5 340 k€ mobilisés.
Contact presse : Lisa Dambras – ldambras@scop.coop – Tél. 04.78.53.08.06 – 06 73 57 33 46