LMDES souffle ses 20 bougies à Saint-Jean-en-Royans. L’occasion de revenir sur son parcours, au carrefour d’enjeux économiques, territoriaux et humains. Derrière la marque Cave Noisel qu’elle produit et commercialise, derrière les 2 millions de courriers qui partent chaque année de son atelier, derrière son agrément d’entreprise adaptée, on découvre l’histoire forte d’une société coopérative pas comme les autres.
Un engagement social fort depuis 2004.
C’est au début des années 2000 que LMDES est fondée, par l’entraineur de rugby de l’époque, Alain Thomas, pour soutenir un jeune de 17 ans, Etienne, devenu tétraplégique suite à un accident pendant un match. LMDES, pour Le Match D’Etienne Services, nait d’abord sous forme associative, avec le soutien des industriels locaux. « A l’origine de l’association, il y a le besoin de financer un fauteuil et une voiture pour Etienne. Puis est venue la question de son avenir pro » nous explique l’actuelle gérante, Charline Thomas. En 2004, après 4 ans de négociation avec la direction du travail pour obtenir son agrément, LMDES ouvre ainsi son Atelier Protégé (appelé aujourd’hui Entreprise Adaptée) pour permettre la réinsertion de personnes à handicap physique ou psychique léger autour du métier de façonnage manuel, en industrie et imprimerie.
A partir de là, LMDES se développe à vitesse d’entreprise.
En 2005, l’entreprise est lauréate du réseau Ardèche Entreprendre, investit dans de nouvelles machines et est parrainée par Franck Riboud, DG Danone France qui l’accompagne au développement d’une nouvelle activité : le routage. Grâce à ces investissements, LMDES devient 1er routeur de Drôme Ardèche et envoie encore aujourd’hui 2 millions de courriers par an. L’entreprise grandit, passant de 8 à 25 salarié·es et investit dans de nouveaux locaux à Saint-Jean, Saint-Marcel puis à Sassenage.
©LMDES
En 2017, LMDES prend un nouveau virage et opère 2 grands changements.
L’entreprise choisit d’abord de diversifier son activité et rachète la Cave Noisel, atelier de fabrication artisanale de produits à base de noix en circuit court. Puis l’association fait le choix de se transformer en Scop : « le modèle économique ne nous convenait plus, nous avions besoin d’un statut qui nous confère plus de crédibilité pour les gros marchés et les grands groupes. Mais nous souhaitions avant tout passer à une autre vitesse vis-à-vis de nos salariés porteurs d’un handicap, pouvoir les impliquer au sociétariat et assurer un partage des bénéfices » explique Charline Thomas.
Une transformation en Scop, quand on est une entreprise adaptée, cela implique pas mal de choses, en plus du partage des richesses. Aujourd’hui, sur les 65 salarié·es qu’emploie LMDES, 23 sont associé·es. « Nous organisons des assemblées tous les 3 mois. On veut vraiment que les salarié·es soient co-décisionnaires de l’entreprise. LMDES réalise 2 millions de chiffre d’affaires annuel, conduit une triple activité de façonnage, routage et de production de noix. Mais en aucun cas, je ne gère l’entreprise seule. Avec une vingtaine de copilotes, ça change l’exercice de la direction ! ».