« Si le numérique était un pays, il aurait environ 2 à 3 fois l’empreinte environnementale de la France ».* La pollution provenant du numérique est bien réelle. Mais des solutions existent ! La coopérative des Internets est une agence digitale responsable née en Scop à Lyon qui développe, de la conception jusqu'à l'hébergement, des sites éco-conçus consommant le moins de ressources possibles.
Le modèle de la Scop pour faire bouger les choses !
C’est au début de cette année 2021 que Nicolas, Vincent et Adrien ont décidé de sauter le pas et de créer une Scop, en associant leurs compétences en numérique, après 5 ans de travail dans des agences digitales dites « traditionnelles ». C’est un choix qui correspond à leurs valeurs pour répondre aux différentes problématiques qu’ils rencontraient dans les agences classiques, notamment la gouvernance et la prise de décisions.
« On avait peu d’impact pour faire changer les choses. La Scop nous est apparue comme la solution idéale pour améliorer le modèle d’une agence web, parce qu’elle fédère tout le monde autour d’un projet et cela en toute transparence », détaille Vincent, développeur et associé dans la coopérative. Par exemple, les trois salarié·e·s-associé·e·s décident régulièrement par vote en interne les types de projets sur lesquels ils se positionnent. Ils travaillent donc beaucoup avec des structures qui leur ressemblent en termes de valeurs et sont sensibles aux problématiques d’aujourd’hui : des coopératives, associations, collectivités ou des PME issues de l’économie sociale et solidaire.
« Le numérique a toujours cherché à s'affranchir de ses limites en allant toujours plus loin, sans pour autant questionner ses impacts. Les questions de la sobriété, l’éco-conception ou de l’impact, ne sont jamais la priorité ! », évoque Vincent comme une problématique du fonctionnement dans le web aujourd’hui.
L’objectif donc de l’agence est de renverser ces pratiques et de se concentrer sur la création des dispositifs digitaux (sites et applications) en essayant d’évaluer et de réduire leur impact environnemental et social. Mais comment ça se passe concrètement ?
La recette pour un site eco-conçu ?
Vincent nous partage qu’il n’y a pas de recette miracle : « C’est souvent une question d’équilibre et cela dépend de la nature du projet », c’est-à-dire que chaque projet nécessite une réflexion particulière au niveau des usages et des moyens. Les principes de l’éco-conception s’intègrent à chaque étape d’un projet web : de la conception au design, en passant par le développement jusqu’à la maintenance et l’hébergement. Dès sa conception, le site est réfléchi sous un angle environnemental. Souvent les sites sont conçus avec beaucoup de fonctionnalités qui ne sont pas même pas utilisées ! Ainsi il est important d’identifier les besoins et de limiter chaque page du site à l’essentiel afin de rendre le site simple, efficace et plus léger.
Le design est aussi quelque chose qui peut rendre un site lourd. « Ce qui est radical, c’est la place de l’image et de la vidéo qu’on essaie de minimiser, donc on propose de les remplacer par des illustrations et donner une vraie identité au site ». Une bonne pratique est également de réduire le nombre des polices et d’utiliser surtout celles qui sont directement installées dans l’ordinateur de l’utilisateur.
Au niveau du développement, l’objectif est de construire le site et optimiser le code de manière à solliciter à minimum la base de données (n’oublions pas que les centres de données ont une consommation très importante d’énergie pour s’alimenter !). La coopérative digitale utilise aussi des logiciels libres (open source) pour proposer des alternatives aux services des géants du numérique GAFAM. Enfin, l’éco-conception passe aussi par l’hébergement du site dans des centres de données localisés en France qui sont en cohérence avec la démarche de l’agence : « On travaille avec des fournisseurs français qui ont des pratiques plus vertueuses ».
Revenir à l’essentiel
A travers l’éco-conception des dispositifs digitaux, La Coopérative des Internets cherche toujours des moyens et des astuces pour les rendre moins lourds et gourmands en ressources. Elle lutte également contre la fracture numérique en rendant les sites plus accessibles parce qu’ils n’exigent pas une connexion internet trop rapide. En quelques mots, un site éco-conçu est minimaliste, simple, agréable à utiliser mais aussi durable. On revient à l’essentiel en rendant le web un espace éthique et respectueux de l’environnement !
« Ce qui nous anime et motive, c’est toujours de trouver les moyens pour réduire les impacts et fournir des sites qui durent dans le temps. Il y a toujours des idées à trouver qui ne sont pas écrites et, des pratiques à apprendre ! », résume Vincent.
Et les bonnes pratiques, ça se partage ! La jeune Scop a l’ambition de s’agrandir et de partager ses connaissances : « On a la volonté d’embaucher et de véhiculer nos idées ! » mais aussi pourquoi pas, de se lancer dans des projets en commun avec d’autres coopératives du numérique.
*Empreinte environnementale du numérique mondial, étude fait par GreenIT en 2019