Chaque trimestre, nous avons le plaisir d'envoyer notre lettre aux coopérateur·ices de la région, un moment privilégié pour partager les réflexions et les enjeux qui façonnent notre mouvement coopératif. Ce numéro se veut une invitation à anticiper et à poser des questions cruciales sur l'avenir. Comment imaginer demain ? Si les utopies ont souvent été des miroirs de nos peurs, il est temps de les dépasser pour nourrir une ambition commune : celle d'une économie coopérative, au service du bien commun et de la démocratie.
Dans cet édito, Cyril Zorman, président de l'Union régionale des Scop et Scic Auvergne-Rhône-Alpes, répond à ces interrogations en partageant sa vision d'un avenir où l'économie ne fait pas seulement rêver, mais où elle agit, collectivement.
Selon le dernier baromètre de la relation des Français·es à l’entreprise*, nous sommes 58 % à estimer que les entreprises ont le pouvoir d’améliorer le monde dans lequel nous vivons. Soit deux points de plus que le score obtenu par les élu·es de proximité.
À l’aube de 2025, comment imagineriez-vous le monde dans 50 ans ?
Je rêverais qu’on refasse société pour faire face à la montée de l’extrême droite ;
Je rêverais qu’on n’accepte plus qu’une personne puisse être plus riche qu’un État ;
Je rêverais que la spéculation ne soit pas considérée comme quelque chose de normal ;
Je rêverais qu’on ne considère pas qu’une entreprise doit dépendre d’une femme ou d’un homme providentiel·le ;
Je rêverais que la question de la répartition des richesses ne soit plus une question mais un objectif ;
Et surtout, je rêve que la normalité d’une entreprise soit d’être le bien commun de ses salarié·es, géré démocratiquement.
C’est là l’utopie des entreprises coopératives ?
Étant un amateur de littérature d’anticipation, je vous dirais d’abord que nos utopies pour demain sont souvent le reflet de nos peurs d’aujourd’hui. Je n’ai pas d’utopie pour nos sociétés coopératives. J’ai de l’ambition. L’heure n’est d’ailleurs pas à l’utopie. Tous les signaux nous disent qu’il ne peut y avoir d’économie du futur sans économie coopérative.
Alors comment faire pour gagner en influence en 2025 ?
Je pense qu’il ne faut pas reprendre les codes préétablis par une économie qui dysfonctionne, qui fait du mal à la société. Quel sens y aurait-il à créer des indicateurs de performance pour le bonheur ou pour la démocratie ?
C’est là que nous sommes face à une contrainte paradoxale : comment porter nos idées, nos valeurs de manière différente, de façon à être audibles, impactants, sans risquer de les voir affadies, transformées voire récupérées ?
Nous sommes chacune et chacun les maillons pour faire de cette utopie une réalité.
Nous sommes des faiseurs, pas des penseurs hors-sol. Nos structures sont dans l’action et le faire. Ce qui fait notre force, c’est notre pluralité, notre complexité mais aussi notre croyance en un futur meilleur. Et c’est en conjuguant nos voix, que nous aurons de l’impact. *
*Etude réalisée par Elabe pour l’Institut de l’entreprise – 2023