Le week-end se profile à l'horizon mais nous voulions vous parler d'une soirée toute spéciale pour nous. Hier soir, 18h30 heure locale, se tenait notre Ciné-Débat à Valence, et pas n'importe lequel !
Eh oui car il y a 2 ans déjà, nous lancions notre premier ciné-débat. L'événement étant réussi et convaincant, les coopérateurs et coopératrices repartirent alors convaincu·es d'en organiser un deuxième l'année suivante. Toutefois, le contexte que vous connaissez si bien nous a fait voyager dans le temps jusqu'à hier soir, jeudi 9 décembre 2021.
Place aux remerciements
Avant toute chose, nous tenons à remercier chaleureusement le Cinéma Le Navire chez qui nous avions tenu déjà la première édition. Entreprise coopérative, Le Navire regroupe plusieurs cinémas en Ardèche et Drôme. Vous en saurez plus sur leur site.
Remercions également Ardèche Image et Les Toiles du Doc pour la co-organisation de cette soirée, ainsi que la Scic Tënk pour le soutien et la diffusion de ce film.
Sans oublier, évidemment, les intervenant·es de la table ronde : la réalisatrice Julia Pinget, le coopérateur Grégoire Hamel et son témoignage pour la Scop Alpine Aluminium, notre consultante Elsa Belliato, Jean Lefebvre, DG de Pollen Scop, ainsi que l'animatrice Adélaïde Milza de la CAE Prisme.
Le film After Work
"Fin de l'ère industrielle, liquidations, réhabilitation des friches… l'histoire semble connue. Et pourtant, "After Work" déjoue les attentes en prenant le temps d'observer ce passage du laminoir à l'open space. (...)" 👉(Découvrez l'avis de Tënk). A travers ce film, Julia Pinget nous montre à voir et interroge les mutations à l'oeuvre dans le monde du travail, à travers deux lieux qui se font face à Cran-Gevrier. D'un côté, les anciennes papeteries transformées en Les Papeteries Image Factory, "lieu totem de l'image et des industries créatives". De l'autre, la Scop Alpine Aluminium alors en cours de redressement et reprise au tribunal, avec le combat des salarié·es.
Ce double exemple croisé interroge la recherche du sens donné à notre travail et de l'importance du collectif et de projets communs portés ensemble. Et puis, sujet central également, se pose la question de la mémoire industrielle et du récit ouvrier. Tout ceci a nourri une table ronde riche durant l'heure qui a suivi le film.
La table ronde : bâtissons ensemble une démocratie économique
Grégoire Hamel, alors PDG d'Alpine Aluminium, le résume en une formule forte : "pourquoi on était dans ce combat ? Pour sauvegarder nos emplois et notre entreprise et son savoir-faire bicentenaire bien sûr. Mais ça n'explique pas tout. On était aussi conduits par notre quête de liberté."
Reprise, création, entrepreneur freelance en Coopérative d'Activités et d'Emplois : il y a ce même besoin de donner du sens à son travail en collectif. "On est dans une précarité et perte de sens très profonde du travail aux Papet's" souligne Julia Pinget. Mais que manque-t-il ? Et bien des projets partagés, justement. Le film prend notamment comme exemple des "Cafés Perruques", ou chacun·e porte une perruque fantaisie, pour créer un moment convivial et fédérateur. Jean Lefebvre, en rebondissant sur cette quête de sens, développe précisément le sujet des Coopératives d'Activités et d'Emplois : les indépendant·es sont de plus en plus nombreux à questionner leur rapport au travail et à vouloir y donner du sens. Ce sens, comment le construire concrètement ? Par un projet partagé, commun, porté par les individus : "Dans le monde coopératif, il y a cette chose importante : la gouvernance partagée. Ils décident ensemble de l'avenir de la réalité de leur projet."
Dans le monde coopératif, il y a cette chose importante : la gouvernance partagée. Ils décident ensemble de l'avenir de la réalité de leur projet.
Evidemment, comme le rappelle Grégoire Hamel, "le collectif n'est pas du tout un sujet idéaliste". Faire collectif autour de métiers et situations différents est un réel défi, entre les métiers cadres dans les bureaux, et les métiers ouvriers dans les salles de machines. Se pose évidemment la question des salaires et de la justesse de leur répartition et différentiation. Au-delà de ça, porter un projet coopératif implique un investissement personnel, à la fois en temps et énergie, mais aussi en capital pour celles et ceux qui s'associent. D'où l'importance d'un accompagnement méticuleux : "Mon métier existe car dans la reprise, les individus ont leurs métiers et compétences mais pas les compétences de gestion. Ils doivent apprendre ça en un temps dérisoire.", relate Elsa Belliato. Entreprendre invite à dépasser sa posture de salarié·e et intègre cette notion d'incertitude, voire de risque. "Comment articuler le besoin de liberté et la sécurité du salarié·e traditionnel·le ?".
Comment articuler le besoin de liberté et la sécurité du salarié·e traditionnel·le ?
Enfin, la table ronde a fait ressortir une problématique très actuelle avec le rôle de l'Etat dans l'industrie française et l'importance du capital et des investissements. Sujet politique fort qui aurait pu prolonger la table ronde toute la soirée !
Un grand merci aux participant·es et à bientôt pour poursuivre ces échanges, projets, ambitions.