Dans les coopératives, la fonction de direction est le plus souvent partagée mais ce n’est pas toujours le cas. Préparer sa succession est alors un enjeu crucial qu’il faut anticiper pour préserver la pérennité de son entreprise. Une transmission parfois loin d’être facile. L’Union régionale des Scop se mobilise et accompagne les coopératives dans cet enjeu crucial.
Savoir mobiliser le collectif
Une transmission en interne est plus simple à mettre en œuvre puisque la nouvelle équipe maîtrise déjà les codes de l’entreprise. C’est dans l’ADN des sociétés coopératives de mettre la personne au centre de leur projet, en veillant à lui faire acquérir les compétences nécessaires.
Anticiper cette date est essentiel, de même que formaliser un processus par rapport à cette succession. C’est l’occasion de revisiter le projet de la coopérative, de faire un bilan et de se projeter. Comment voit-on l’entreprise, individuellement et collectivement, dans 5 ans ? Qu’est-ce que le collectif attend de cette fonction de direction (répartition des tâches, rôle du CA et des associés …) ? C’est une opportunité à saisir pour grandir et écrire ensemble l’avenir de sa société.
Des frictions peuvent apparaître, il faut trouver un processus qui permet d’aller dans le sens du projet et du collectif. Si une personne légitime aux yeux du collectif n’a pas « l’envie d’y aller », elle peut poser ses conditions et des solutions peuvent être trouvées ensemble. Parfois il n’y a pas de candidat en interne, il faut alors envisager une succession externe.
Être capable de laisser sa place …
Le rôle du dirigeant partant est très important car il accompagne ce processus et facilite l’arrivée du nouveau dirigeant. C’est d’autant plus simple si ce successeur vient de l’interne car il sait comment fonctionne la coopérative, il connaît les attentes vis-à-vis de la direction.
Le regard que va porter l’ancien dirigeant sur cette nouvelle direction est fondamental et il doit également changer sa posture : devenir formateur pour transmettre et faciliter la montée en compétences. Il faut aussi qu’il accepte que la nouvelle direction ne soit pas comme la sienne. C’est un renouveau, un changement qui peut être très positif et en même temps déstabilisateur pour le collectif.
Le dirigeant partant, même de façon inconsciente, ne doit pas aller contre ce changement, il ne faut pas qu’il se dise qu’il est irremplaçable. Nous posons une question à ces dirigeants sur le départ : « Vous allez être remplacé, vous devez donner les clés du camion, en êtes-vous capable ? ». Il faut les mettre au défi de réussir cela, notamment dans les coopératives où les dirigeants sont des fondateurs charismatiques.
Tout cela implique que le temps de transition, de binôme, entre l’ancien et le nouveau dirigeant, soit ni trop court ni trop long. Il faut également une date de passation bien définie pour franchir cette nouvelle étape de la vie de l’entreprise.
… et de la prendre
Au-delà de la compétence technique pour être dirigeant, il y a une posture à acquérir. Le nouveau dirigeant doit trouver ses marques, son style de direction, et c’est aussi le cas pour toute l’équipe. Les parcours coopérateurs sont intéressants pour cela. Les formations permettent l’échange entre coopérateurs, les dirigeants en ressortent ravis parce qu’ils ont pu partager leur quotidien avec des personnes qui ont la même problématique.
Le fondateur charismatique est complexe à remplacer, ses missions sont souvent portées par une équipe de direction chargée de renouveler la dynamique de l’entreprise. Même si nous encourageons ce fonctionnement collaboratif, il reste indispensable d’avoir une direction qui représente le projet et qui ait vraiment le souhait et la capacité de l’animer.
Marie-Camille Rol,
Déléguée suivi à l’Union régionale des Scop Auvergne-Rhône-Alpes