La crise actuelle a montré la fragilité d’un système déconnecté de ses ressources et productions locales. Quand les imports et flux de marchandises sont limités, voire stoppés, que fait-on ? On agit comme beaucoup le font en consommant local. Même les grandes surfaces s’y sont attelées, avec une belle campagne de communication « Soutenons nos producteurs locaux »…
« Mais la réflexion à mener est plus large. Il faut penser la relocalisation de l’agriculture dans une vraie démarche économique pérenne. », souligne Pierrick De Ronne, président de Biocoop¹, « Si cette relocalisation devient partielle et/ou ponctuelle pour faire des « coups », elle n’aura aucun sens. Il faut construire un maillage dans lequel les producteurs doivent être maîtres de leur production, de leur valeur, et en capacité de décider de leurs tarifs. » Et comme le précise la Scic Mangez Bio Isère, il est important de penser « filière » (production, transport, vente, commercialisation, consommation…) et non seulement « agriculture » . L’enjeu est grand, dans la mesure où, ne serait-ce qu’en région lyonnaise, 95 % de la production est exporté, et uniquement 5 % est consommé².
Que les coopératives aient quelques mois ou plusieurs décennies, elles sont nombreuses à proposer des solutions solides et durables, les possibilités sont là, elles en sont la preuve !
A Lyon et Villeurbanne, connaissez-vous les bars-restaurants Le Biéristan, Le Court-Circuit, De l’autre côté du pont ou Le Shrubbery, ou encore les épiceries De L’Autre Côté de la Rue, L’Epicerie des Halles et même Prairial à Vaulx-en-Velin? Leur but ? Relocaliser l’économie autour d’axes forts :
- Un approvisionnement en circuits-courts
- Un mode de gestion coopératif et démocratique, basé sur le principe 1 salarié = 1 associé = 1 voix,
Bars-restaurants, épiceries, brasseries, les projets accompagnés se multiplient et nous montrent que la question de l’alimentation est une porte d’entrée pour la problématique plus vaste d’une économie humaine, locale, écologique et sociale.
L’Union régionale des Scop et ses partenaires sont là pour les accompagner à développer leurs Scop et Scic. Mais en allant plus loin, il s’agit de tendre la main à celles et ceux dont le projet n’est encore qu’une idée, une motivation. C’est pour cela que nous avons lancé en 2019 l’appel à projets Prémices : Entreprenons une alimentation résiliente : passer du discours au projet concret n’est pas facile, l’Union régionale des Scop souhaite donc contribuer à l’effort collectif avec ses membres et ses partenaires, en mettant à disposition des ressources pour soutenir ces entreprises buissonnières existantes ou à venir qui choisissent de s’engager pour une société résiliente.
Cette première édition concerne particulièrement l’alimentation et de l’agriculture résilientes, en première ligne quant il est question d’adaptation au changement climatique, de santé publique et d’économie vertueuse, locale et en circuit-court.
16 projets ont ainsi été sélectionnés et sont en cours d’accompagnement, sur les 90 candidatures reçues.
Cartographie des Scop et Scic de l'alimentation résiliente d'Auvergne-Rhône-Alpes
(1) Interview de Pierrick de Ronne (15 mai 2020) par Jérémy Lopes (Demain), « Nous ne pourrons plus dire que c’est impossible » : https://demain.ladn.eu/secteurs/distribution/interview-pierrick-de-ronne-biocoop-post-crise/ (2) Chiffres 2019.
