En transmettant Confluence Conseil à sa trentaine de salariés pour 2,2M€, son dirigeant - fondateur Philippe Landraud nourrit sa belle aventure d’entreprise participative à Lyon, où chacun des salariés peut investir du capital et valider les options structurantes et stratégiques.
Assurer la continuité
« La relève est assurée… Vous êtes chez des gens heureux ! » Le moral et l’optimisme sont au beau fixe, pour ce dirigeant d’une soixantaine d’année. « J’ai décidé d’anticiper l’avenir en proposant à mes collaborateurs de reprendre l’entreprise sous la forme d’une Scop. L’argent n’est pas mon moteur et mes valeurs sont avant tout humaines. Dans le numérique, le raisonnement est bien souvent capitalistique et la logique est avant tout guidée par les actionnaires. Mais jamais je n’ai voulu être coté en bourse… » explique le Président de cette société de services, spécialiste de l’assistance à maîtrise d’ouvrage.
Christophe Laurent, ingénieur d’affaires, va dans le même sens : « La transformation en Scop permet la pérennité de nos valeurs. Le risque, c’est que des rachats entraînent des transformations de politique RH, le départ de certains collaborateurs et la perte de l’âme de base. On a connu cela chez certains de nos partenaires ou dans d’autres sociétés de services. » « Je ne veux pas voir la boite disparaitre petit à petit », confirme M. Landraud.
Un nouveau modèle de gouvernance
La transformation en Scop d’amorçage a eu lieu le 13 décembre dernier. Dans une ambiance bienveillante, Philippe Landraud a cédé la moitié de ses actions à 29 salariés, sur les 35 que compte l’entreprise. Le restant de ces 2,2M€ sera étalé jusqu’en 2022. « Nous avons beaucoup communiqué et fait du cas par cas sur la capacité d’apport des uns et des autres », précise Christophe Laurent. Trois plafonds d’investissements ont été définis : 10, 15 et 20 000 euros. « Quand vous avez mis de l’argent au capital de l’entreprise, vous vous sentez peut-être plus investi », admet le futur retraité. Christophe Laurent ajoute « On a une problématique dans notre métier qui est le turnover. Le fait d’avoir des salariés associés va endiguer cette problématique. »
« C’est un beau virage qu’on a pris et qui peut faire tache d’huile », espère Philippe Landraud. « La difficulté pour nous sera de faire vivre la Scop et de changer le mode de fonctionnement, évoluer. Nos collaborateurs sont quasiment tous chez le client. C’est plus dur quand les gens sont à distance et qu’il n’y a pas une vie interne au quotidien. Il va falloir aller chercher les coopérateurs et créer des événements, pour qu’ils puisse se sentir investis de leur mission de salarié-actionnaire. Ce sera cela notre vrai défi. »