« La période que nous venons de traverser a généré beaucoup d’inquiétudes et de doutes, mais aussi des envies de rebâtir, d’expérimenter de nouvelles voies. L’une des clés de la reconstruction se trouve, selon moi, dans la démocratie d’entreprise.
La démocratie d’entreprise est le meilleur outil de gestion de l’incertitude.
C’est une immense force qui permet d’inventer, d’avoir la capacité collective de se remettre en question, d’admettre l’erreur, et de trouver des solutions ensemble pour avancer… Bref, c’est ce qui permet cette résilience dont tout le monde parle aujourd’hui. Cette résilience que les coopératives ont dans leur ADN et qui leur permet de se relever des crises, comme celle que nous traversons, avec plus d’agilité.
Solidarité, pérennité, force du collectif… Les Scop et les Scic portent en elles les valeurs et les principes dont tout le monde semble se réclamer aujourd’hui, tant sur le plan humain, social, qu’environnemental.
Ce que nous expérimentons tous les jours, au sein de nos coopératives, entre en résonance avec les besoins exprimés par une partie de la société, révélés par la crise actuelle. Prenons pour exemples, parmi tant d’autres, les initiatives portées par la Scic Habitée (69), Villages vivants (26), L’Atelier paysan (38), ou encore Actypoles Thiers (63)…
Les origines des Scop, au 19e siècle, sont l’émanation des évolutions, des désirs de transformations sociales qui traversent l’histoire, portées par les populations elles-mêmes. On peut faire un parallèle entre ce qui s’est passé avec la révolution ouvrière il y a plus d’un siècle et ce que le Mouvement coopératif a fait depuis une vingtaine d’années. Dans les deux cas, les coopératives ont été un vecteur de l’innovation sociale, dont l’objectif premier n’est pas la rémunération du capital, mais bien le développement d’activités et la poursuite de finalités qui motivent un collectif. À l’heure actuelle, ces finalités tournent beaucoup autour de l’écologie, de la solidarité, du vivre ensemble.
Notre Mouvement a donc ce côté précurseur, et cette expertise collective, acquise au fil des décennies, qui nous permettent d’apporter aujourd’hui des solutions concrètes et durables aux enjeux actuels, en conciliant justice sociale, viabilité écologique et viabilité économique. La coopération est un facteur de succès décuplé, si elle est bien pensée, et c’est l’intelligence collective qui nous permettra toujours de trouver des solutions aux crises telles que nous traversons actuellement.
Les exemples développés en page 2 de cette Lettre n°8 nous montrent, s’il en est besoin, que les Scop et Scic mettent en œuvre une démocratie économique sur le terrain et participent à la construction d’un modèle économique différent, plus humain, écologique et démocratique. Nous en montrons en tout cas le chemin ! »
• Marco Della Corte, Le Grenade (Villeurbanne, 69) •